Est-il possible de monter Così fan tutte à l’ère du mouvement #metoo ? Voilà le défi que s’est lancé le metteur en scène Eric Perez, pour qui les leçons de cette œuvre, dernier opus de la trilogie Mozart / Da Ponte, ne sont pas de dénoncer l’inconstance et la frivolité de la femme mais surtout de mettre en évidence la fragilité des sentiments humains, masculins ou féminins. Così fan tutte est une œuvre sensuelle, érotique, où il est question de tentations, de corps mis à nu à travers la douce tromperie du travestissement. Et ce travestissement est la base de la révélation, car c’est par lui que surgissent nos désirs les plus enfouis, les plus profonds. Le cynique Don Alfonso tient à prouver à ses amis Ferrando et Guglielmo que les femmes sont inévitablement infidèles. Pour cela, il tend un piège à leurs fiancées, les sœurs Dorabella et Fiordiligi : Ferrando et Guglielmo feront croire qu’ils partent à la guerre mais reviendront près de leurs belles sous un déguisement. D’abord repoussés par les deux femmes, celles-ci, peu à peu, cèdent aux avances des mystificateurs. Don Alfonso peut alors exulter : « elles font vraiment toutes comme ça… ». Les deux couples se reformeront malgré tout, bien qu’ayant perdu quelques illusions…