« La terre et le ciel m’ont trahie ! Je voudrais pleurer mais je ne puis… Les pleurs mêmes m’abandonnent ! » Lucia, Acte II, scène 6 Écosse, 16e siècle. La société, étouffant sous les conventions, rend impossible la relation de Lucia et Edgardo, la femme étant alors soumise au bon vouloir des hommes et considérée comme un être inférieur. Les querelles familiales entre leurs deux familles, Ashton et Ravenswood, faisant écho aux Roméo et Juliette shakespeariens, ne démotiveront pas pour autant les jeunes amoureux. De sombres machinations viendront néanmoins changer la donne et pousseront Lucia dans une folie meurtrière. Se sentant trahie, désemparée, elle ira jusqu’à se donner la mort. Les premières mesures présagent déjà le destin funeste de Lucia. Dans un climat languide et mystérieux, Pierre Thirion-Vallet et Amaury du Closel nous dépeignent le portrait d’une jeune femme brisée par la violence des conflits masculins, et ayant préféré se réfugier dans la folie pour mieux conserver sa liberté plutôt que de se vouer à un combat perdu d’avance. D’après Pierre Thirion-Vallet, la musique écrite par Donizetti relève du génie et les traits psychologiques des personnages y sont parfaitement perceptibles. Dans ce chef-d’oeuvre tragique, le spectateur doit pouvoir discerner « la folie puis la destruction et le néant : couleurs froides des costumes, brume insistante, mobilier massif emprisonnant la frêle mais pourtant déterminée Lucia ». Cet amour impossible rime donc avec déchéance et destins tragiques : un amour éperdu et perdu.

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