Festival de Piano: Ravel+

Avec son festival de piano, le CAPE met en lumière à chaque édition un grand compositeur de l’histoire de l’instrument. Pour ce nouveau rendez-vous, ce sera au tour du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937). Figurant parmi les principaux représentants de l’impressionnisme français, il est considéré, de par son style progressif et innovant, comme un précurseur des mouvements musicaux avant-gardistes ultérieurs. Ce style a été développé par cet élève de Gabriel Fauré tout au long de sa carrière de compositeur, qui a débuté avec des œuvres pour piano telles que le Menuet antique (1889). Sa passion pour l’impressionnisme ainsi que sa relation controversée avec Debussy ont été influentes dans son développement artistique, qui aboutira finalement à un style de composition et d’orchestration coloré et sonore, caractérisé non seulement par une clarté et une précision exceptionnelles, mais également par une sonorité distinctive. Son style révolutionnaire au piano s’est manifesté pour la première fois dans Jeux d’eau (1901) puis dans Miroirs (1904-1905), caractérisés par une harmonie encore plus novatrice, et a culminé en termes de complexité et de virtuosité pianistique dans le cycle Gaspard de la nuit (1908). Notre festival Ravel+, programmé en étroite collaboration avec le pianiste allemand Joseph Moog, permettra à chacun de (re)découvrir cette œuvre de référence, à l’occasion de quatre soirées de récitals de haut niveau.

Femmes formidables

Le Fauré Quartett s’est imposé comme l’un des plus brillants quatuors avec piano depuis sa fondation en 1995 à Karlsruhe, en Allemagne. Reconnu pour son profil unique et ses multiples facettes, l’ensemble explore de nouveaux champs sonores dans le domaine de la musique de chambre. Son répertoire, qui sort des sentiers battus, témoigne de son approche visionnaire et de son goût pour les découvertes et les expérimentations. Au CAPE, le quatuor présente un programme composé uniquement par des « femmes formidables ». Les obstacles auxquels ces compositrices ont dû faire face tout au long de leur vie se reflètent dans des propos et des citations qui ne nécessitent aucun commentaire supplémentaire. Par exemple, Camille Saint-Saëns s’exclama après avoir entendu la musique de Mel Bonis : « Je n’aurais jamais cru qu’une femme fut capable d’écrire cela. Elle connaît toutes les roueries du métier ». Abraham Mendelssohn, père de Fanny et Felix, écrivait à sa fille : « La musique deviendra peut-être une profession pour lui [Felix], tandis qu’elle ne pourra et ne devra toujours être pour toi qu’un ornement, jamais la basse fondamentale de ton être et de ton agir ». Heureusement, ces trois compositrices ne se sont pas laissé décourager par de tels propos : leurs quatuors pour piano prouvent que leur musique est bien plus qu’un simple « ornement » ou qu’une copie des œuvres de leurs contemporains masculins.

Trio Orelon

Le Trio Orelon incarne l’harmonie, la créativité et l’esprit d’exploration. Fondé en 2018 à Cologne, cet ensemble tire son appellation de l’espéranto, où Orelon évoque simplement l’oreille, symbolisant ainsi les multiples facettes de l’écoute dans la musique. La violoniste Judith Stapf, le violoncelliste Arnau Rovira i Bascompte et le pianiste Marco Sanna se sont rencontrés aux conservatoires de Cologne et de Berlin. La formation en trio avec piano leur offre la plus grande harmonie musicale et humaine possible : ensemble, ils portent un regard curieux et dynamique sur les œuvres écrites pour cette combinaison instrumentale, les enrichissant d’une énergie indomptable et d’un plaisir du détail dans l’expression. Dans sa recherche de répertoire, le trio a développé le projet Beethovens Töchter (Les Filles de Beethoven), explorant des œuvres peu jouées de compositrices et les mettant en relation avec leur prédécesseur Ludwig van Beethoven.

From Mozart to Reger

Ce concert de Kammerata Luxembourg met en avant et entrelace trois grandes œuvres de musique de chambre de Mozart et Reger, créant ainsi un dialogue musical entre ces deux compositeurs de renom. Bien que nous associions généralement Max Reger (1873-1916) à Johann Sebastian Bach, en raison notamment de son influence majeure dans le domaine de l’orgue, il existe également de nombreux points de convergence entre la musique de Reger et celle de W.A. Mozart. La Sérénade op. 141a en sol majeur de Reger, composée en 1915, et le Quintette à cordes en ut mineur KV 406 de Mozart, datant de 1787, sont étroitement liés. En effet, la première version
de l’œuvre de Mozart, créée cinq ans auparavant, était également une sérénade, mais pour instruments à vent. Le Quintette pour clarinette op. 146 de Reger, achevé peu avant sa mort prématurée en 1915, évoque quant à lui le Quintette en la majeur de Mozart datant de 1789, tant par sa formation que par sa structure. Dans cette œuvre tardive, Reger évite les tonalités pathétiques de ses compositions antérieures, adoptant une approche plus calme et introvertie ainsi qu’un son subtil et transparent.

Novo Quartet

Le Novo Quartet, fondé en 2018 à Copenhague, est considéré comme l’un des jeunes ensembles les plus prometteurs du Danemark. Il a remporté plusieurs prix internationaux, dont le premier prix ainsi que tous les prix spéciaux du 77e Concours de Genève. Actuellement basé à Vienne et Copenhague, l‘ensemble est composé des violonistes Kaya Kato Møller et Nikolai Vasili Nedergaard, de l’altiste Daniel Śledziński et de la violoncelliste Signe Ebstrup Bitsch. Bien que la musique classique reste son principal domaine d’activité, le Novo Quartet a également exploré des collaborations passionnantes avec des musiciens de jazz et de pop. Ce qui caractérise
particulièrement ce quatuor est l’amitié profonde qui règne en son sein : le respect, l’attention réciproque et l’humour influencent non seulement les liens entre ses membres, mais aussi leur identité musicale et leur présence sur scène. Cette connexion étroite, à la fois musicale et personnelle, se manifeste dans leurs performances, marquées par l’unité et une résonance émotionnelle profonde avec la musique qu’ils interprètent.

Entre soir et matin

Mel Bonis, pseudonyme de Mélanie Bonis (1858-1937) est une des rares compositrices françaises de son époque qui laisse à la postérité une œuvre musicale conséquente. Cette parisienne, issue d’un milieu bourgeois modeste, suivit ses études au Conservatoire sur les mêmes bancs que Debussy et Pierné. Sa vie personnelle est marquée par des épreuves douloureuse – un mariage forcé, un enfant né hors union, sa culpabilisation – qui aiguisent sa sensibilité et inspirent sa créativité. Très
variée, souvent vigoureuse et sensuelle, toujours très bien écrite et d’une grande sensibilité, la musique de Mel Bonis est d’une écriture personnelle et aisément identifiable par l’originalité des harmonies et des rythmes. Entre 1900 et 1910, la compositrice post-romantique connut une certaine notoriété dans le milieu musical parisien, mais dans la dernière partie de sa vie, la concurrence des compositeurs modernes la ramène dans l’ombre. Ce concert offre un aperçu de son répertoire de musique de chambre pour violon et piano, encadré par des pièces de ses contemporains. Avec une interprétation mûrement réfléchie, et à la fois claire, sensible et engagée, Sandrine Cantoreggi et Sheila Arnold transportent le public au cœur de l’art de Mel Bonis, et à travers ses multiples facettes.

Luxembourg Philharmonia

L’orchestre Luxembourg Philharmonia, dirigé par son chef d’origine danoise Martin Elmquist, se produit régulièrement tant au Grand-Duché qu’à l’étranger. Après son concert au CAPE dédié aux compositeurs scandinaves en 2023, l’orchestre revient à Ettelbruck avec un programme à nouveau très « nordique ». Le concert s’ouvrira avec le Premier concerto pour piano de Johannes Brahms, une oeuvre de jeunesse du compositeur hanséatique, qui fut un échec lors de ses premières exécutions, mais compte aujourd’hui parmi les trésors du répertoire. Il sera interprété avec le pianiste italien Pietro Bonfilio, diplômé du réputé Conservatorio Giuseppe Verdi de Milan et directeur artistique du festival international Morellino Classica. La deuxième partie du concert proposera d’abord la célèbre Valse triste du compositeur finlandais Jean Sibelius, suivie de la Saga Drøm, un poème symphonique du Danois Carl Nielsen inspirée de la saga islandaise de Njáll. Et pour clôturer cette soirée, Brahms sera à nouveau à l’honneur avec ses Variations sur un thème de Haydn, composées près de vingt ans après son Premier concerto pour piano.

Celebrations

Festive et rayonnante, rythmée et entraînante – c’est ainsi que souhaitons voir l’année 2025, et cela dès son début ! Ce concert de Nouvel-An s’ouvrira avec la célèbre Fanfare for the Common Man d’Aaron Copland, créée en 1942 comme une réponse musicale à « l’ère du citoyen ordinaire » durant laquelle de nombreux compositeurs américains ont refusé de continuer à écrire uniquement pour une élite culturelle. La suite Catfish Row de George Gershwin révèlera ensuite ses célèbres mélodies, reliant des études de caractère de Porgy and Bess à une Sinfonietta orchestrale exigeante. Dans l’ouverture de son opérette Candide, Leonard Bernstein procède de manière similaire lorsqu’il réunit des motifs stylistiquement très divers, tirés de numéros vocaux, dans une forme symphonique. Dans le Concerto Grosso de William Bolcom, un petit groupe d’instrumentistes dialogue avec vivacité avec le grand orchestre, et Bolcom parvient à adapter cette forme pour quatre saxophones en proposant une suite colorée de mouvements de sonate, de chants sans paroles, de valses et d’évocations bebop contemporaines. Le concert s’achèvera avec une œuvre de commande, où Daniel Schnyder confirme une fois de plus sa réputation en réussissant à associer différents genres avec une grande maîtrise pour offrir une œuvre d’une grande cohérence.

Rotundus

Comme une envie de repousser les barrières du classique, les musiciens de l’Orchestre de Chambre du Luxembourg se donnent le la pour vous offrir une expérience symphonique hors du commun. Grâce à un programme musical aux multiples esthétiques et réunissant certaines des plus belles pages orchestrales, l’OCL propose un concert sans chef d’orchestre, comme un face à face direct avec le public. Placé au cœur de l’orchestre, l’auditeur sera plongé dans un monde souvent fantasmé et en découvrira toutes ses facettes. Nul doute que la complicité des musiciens contaminera petits et grands aux plaisirs collectifs du dépassement de soi.

Planets

On célèbre cette année le 150e anniversaire du compositeur britannique Gustav Holst. Un hommage lui est rendu par une version exceptionnelle de son œuvre la plus célèbre, The Planets, arrangée pour deux pianos à huit mains, percussions et chœur. The Planets, véritable ovni dans la création musicale du début du 20e siècle, a ouvert la voie à un style spectaculaire et cinématographique qui a inspiré entre autres John Williams, auteur de la musique de Star Wars. Holst a commencé en 1914 la composition de son œuvre majeure, s’inspirant de sa passion pour l’astrologie et des caractères des différentes planètes (sans Pluton, découvert seulement en 1930) pour
chacun des mouvements. Avant de regarder vers les cieux pour trouver son inspiration, Holst s’était tourné vers l’Orient. Il s’était lancé avec fascination dans l’étude du Rigveda, un recueil d’hymnes sacrés de l’Inde antique, qu’il a ensuite lui-même traduit du sanskrit en anglais. Conçus en quatre groupes, Holst en écrivit le troisième recueil en 1910 pour chœur de femmes et harpe ou piano. On y retrouve comme dans The Planets les principales caractéristiques de sa musique : ostinatos rythmiques prononcés, intérêt pour les mesures asymétriques (Mars, Neptune, Hymn for the Travellers en 5 temps, Hymn to the Waters en 7 temps), rigueur quasi-mathématique de l’écriture qui s’exprime dans des structures claires et précises, abandon de la logique harmonique romantique au profit de modulations abruptes et inattendues… mais aussi, et malgré tous ces aspects modernistes, le goût pour la musique traditionnelle anglaise qui transparaît surtout dans la mélodie centrale de Jupiter, que Holst lui-même transforma quelques années plus tard en une pièce pour chœur intitulée I vow to Thee, my Country.